Comptes rendus de missions : Le Moringa au Togo

Article du 14 mai 2021

1. Accompagnement d’une coopérative de production de Moringa séché vers la certification biologique et équitable 

 

Depuis 2012, Kinomé intervient au Togo en collaboration avec des partenaires locaux sur la mise en place d’une filière « feuilles de Moringa séché ». 

 

Le Moringa oleifera est une plante originaire d’Inde qui est couramment présente dans les campagnes d’Afrique de l’Ouest. Au Togo, ses tronçons sont bouturés pour réaliser des barrières végétales vivantes. Ses feuilles sont aussi utilisées comme ingrédients de bases de sauces pour accompagner la pâte de maïs couramment consommée au Togo.  

 

Le Moringa oleifera présente deux qualités extraordinaires : 

  • Ses feuilles présentes une composition riche en vitamines et minéraux essentiels pour l’être humainFigure 1 : composition des feuilles fraiches du Moringa (à disposer à gauche du texte?)
  • Lorsqu’il est semé en pleine terre, le plant développe un bulbe racinaire qui lui sert de réserve pendant les saisons sèche : ainsi, le Moringa résiste très bien à la sécheresse. 

 

Avec l’appui de son partenaire INADES-Formation, Kinomé appui depuis 2016 la coopérative PROSCOMO (Producteurs en Société Coopérative de Moringa), situé à Sévénokopé à 30 minutes de moto-taxi de Kpalimé, ayant la volonté de produire du Moringa, le transformer en poudre séchée pour le vendre sur les marchés locaux et à l’international. 

Le projet a rencontré plusieurs difficultés qui ont fait que le lancement de l’activité a mis plus de temps que prévu. Mais cela a permis de produire des études scientifiques sur la production végétale du Moringa, de bien connaitre les enjeux d’une transformation d’un produit fini de qualité ainsi que de savoir quels étaient les meilleures solutions à réaliser pour assurer la pérennité de l’activité de PROSCOMO. 

Ainsi, en 2020, financé par la société ORESYS, Kinomé a proposé à PROSCOMO de certifier son activité de production sous les labels de l’agriculture biologique et du commerce équitable afin de : 

  1. Garantir la qualité du produit fini 
  1. Réduire les impacts négatifs de la production sur l’environnement 
  1. Assurer un prix d’achat aux producteurs qui valorise leurs travails et leurs permettent de vivre décemment de l’activité.  

 

ORESYS finance ce projet en même temps que la plantation de Moringa oleifera dans le cadre de son programme de compensation des émissions carbones produite par son activité. Kinomé l’accompagne dans ce programme. L’objectif étant d’assurer que les arbres plantés puissent avoir un intérêt financier pour les planteurs et participent à l’amélioration des besoins fondamentaux de ces derniers.  

 

PROSCOMO ayant accepté, Kinomé a chargé en début décembre 2020 un consultant junior d’accompagner la coopérative en collaboration avec un formateur d’INADES-Formation jusqu’à avril 2021. 

 

Plusieurs activités ont ainsi été réalisés : 

  • Remise à neuf et aux normes sanitaires d’une ancienne unité de transformation ; 
  • Création officielle de la coopérative PROSCOMO : les producteurs s’étaient réunis mais ne connaissaient pas les enjeux liés à la création de la coopérative ni les démarches administratives à réaliser ; 
  • Productions de Fiches Techniques de vulgarisation : Ces fiches concernent la production, la transformation ainsi que la certification biologique et équitable du Moringa.  
  • Formations à la transformation d’une poudre de Moringa séché de qualité dite « Export » : 
    • Election d’une équipe chargée de la transformation : l’EGUM (Equipe de Gestion de l’Unité Moringa) ; 
    • Maitrise de l’hygiène sanitaire de l’unité de transformation et du matériel ;  
    • Maitrise des étapes de transformation et des mesures HACCP. 
  • Formations à la certification biologique AB d’Ecocert : 
    • Initiation aux normes de certification ; 
    • Formation de l’EGUM au Système de Contrôle Interne ; 
    • Création et formation aux cahiers de cultures des agriculteurs (recensant toutes leurs activités liées à la culture du Moringa) ; 
    • Formation à la traçabilité. 
  • Formations à la certification équitable Fair For Life d’Ecocert :  
    • Initiation aux normes de certification ; 
    • Présentation des objectifs d’une contractualisation équitable ; 
    • Réflexion sur l’utilisation du fonds de développement ; 
    • Recherche par Kinomé d’acheteurs prêt à s’engager dans une démarche équitable 
  • Initiation à la Vision Globale grâce au schéma Vision&Stratégie du Leadership Ethique © 

 

La mise en place d’une démarche de certification demandant un certain temps et Kinomé voulant s’assurer de la qualité de son appui à PROSCOMO, le consultant junior repartira en juillet 2021 prochain pour continuer l’accompagnement vers la certification (tout en suivant à distance PROSCOMO).  

 

Grâce à la dynamique lancée et la joie présente entre les acteurs, l’audit de certification par Ecocert est prévu en fin 2021 ! 

 

Figure 2 : Personnes présentes lors de l’assemblée constitutive (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Figure 3 : Feuilles de Moringa séché sortie du séchoir (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Figure 4 : Comité de gestion de PROSCOMO (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Figure 5 : Récolte du Moringa (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Figure 6 : Récolte et effeuillage du Moringa (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Figure 7 : Le consultant junior Kinomé et le formateur INADES-Formation (source : Marius CERON-SIMEON)

 

2. Caractérisation des systèmes agroforestiers du Togo et de leur approvisionnement en matériel végétal 

 

Le Togo possédant l’un des taux de déforestation les plus forts au monde (taux annuel de 4,5% enregistré en 2007 par la FAO (Foresti, 2011)), Kinomé et un de ses partenaires locale togolais, l’Unité Technique Café Cacao (UTCC), ont décidé d’initier en 2017 le projet « Optimisation de la Production des Agroforêts par un Soutien à l’Amélioration des Services Ecosystémiques dans la zone forestière du Togo » (OPASASE-TOGO). Ce projet a pour objectif global de soutenir les services écosystémiques dans les agroforêts à cacaoyers et à caféiers en termes de production de biens, de biodiversité et de stockage du carbone.   

 

Pour remplir cet objectif, le projet subventionne la fourniture gratuite de plants agroforestiers pour les exploitants agricoles. Un accompagnement est également effectué auprès des agriculteurs dans leurs pratiques agroforestières pour dynamiser le processus de reforestation de la région. 

 

Dans ce contexte, un stagiaire de fin d’étude de l’école d’ingénieur ISTOM a été recruté entre décembre 2020 et avril 2021 afin de pouvoir mener un diagnostic agronomique centré sur les systèmes agroforestiers et l’approvisionnement en matériel végétal. L’objectif du stage était également de mettre en lumière les atouts et limites de la stratégie OPASASE-Togo pour déboucher sur des recommandations sur les améliorations possibles du projet. Ceci toujours dans le but d’impacter le plus positivement possible la dynamique agroforestière et de reforestation de la région. 

 

L’étude demandée étant particulièrement centrée sur l’amélioration de l’offre du matériel végétal pour des systèmes agroforestiers ayant un objectif de reforestation, la problématique suivante a été choisie : Quelles limites à la reforestation par des systèmes agroforestiers ? 

 

Pour répondre à cette problématique, un choix des zones d’études a été effectué au sein de la préfecture de Wawa concentrant la production caféière et cacaoyère du Togo. Quatre localités ont été identifiées à savoir Ounabè, Ikavi-Kope (proche de Klabe Efoukpa), Tomegbe et Kessibo.

 

Carte 1 : Préfecture de Wawa (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Suivant la méthode du diagnostic agraire, la méthodologie a axée sa collecte de données de terrain sur des entretiens semi-directifs historique des zones d’études, des entretiens semis-directifs groupés sur la gestion d’un système agroforestier et l’approvisionnements en plants et des questionnaires technico-économiques auprès de producteurs et de pépiniéristes. Des entretiens semi-directifs ont également été réalisés auprès d’acteurs de l’offre en matériel végétal ainsi qu’auprès de personnes ressources.  

 

Les données et informations recueillis sur le terrain ont ensuite été croisée avec la littérature existante. Cette analyse a permis de sortir : 

 

  • Une analyse historique de la culture de cacao et café et des facteurs de déforestation dans différentes localités de la préfecture ; 
  • Une caractérisation des systèmes agroforestiers dans les différentes localités au niveau agronomique et technico-économique ; 
  • Un diagnostic de la diversité d’approvisionnement en plants accompagné d’une présentation de certains des acteurs de l’offre en matériel végétale ; 
  • Un diagnostic global de la reforestation par les systèmes agroforestiers sous un angle interdisciplinaire (vision systémique) pour ouvrir sur de potentielles améliorations du projet OPASASE-TOGO.  

 

Le Mémoire de Fin d’Etude de ce stage est en cours de rédaction. Les résultats seront bientôt informés sur le site de Kinomé alors continuez à nous suivre ! 

Carte 2 : Carte générale du Togo (s’il y a besoin) (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Photo 1 : Terres déforestées par les feux de brousse (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Photo 2 : Entretiens avec des producteurs agroforestiers de cacao à Tomegbe (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Photo 3 : Producteur de Kessibo dans sa parcelle agroforestière de cacaoyer (source : Marius CERON-SIMEON)

 

Photo 4 : Agroforêt à caféier à Ikavi kope (source : Marius CERON-SIMEON)