Évaluation d’un projet sur le riz et sel de mangrove en Guinée Bissau

Article du 29 avril 2021
L’équipe Kinomé avec des riziculteurs bénéficiaires du projet. On aperçoit sur la droite des tuyaux de trop-plein installés grâce à DEDURAM pour améliorer la gestion de l’eau dans les rizières.

 

On le sait peu, mais le riz n’est pas seulement natif d’Asie : il a aussi été domestiqué en Afrique il y a bien longtemps ! 

 

Début avril, Kinomé était en Guinée-Bissau pour faire l’évaluation finale d’un programme visant à aider les riziculteurs et salicultrices de la mangrove. 

 

Dans ce petit pays coincé entre le Sénégal et la Guinée, des paysans labourent les rizières, façonnent des digues, et creusent des canaux d’irrigation uniquement à la main, avec un outil en forme de pelle, appelé K’bindé en langue balante. Un travail colossal ! Les femmes, elles, produisent du sel en faisant de bouillir de l’eau salée sur des feux de bois. Cette technique, très pénible, provoque des problèmes de santé à cause des fumées, et participe à la dégradation des forêts. 

 

Un canal de drainage dans les rizières.

 

Le projet DEDURAM (pour Développement DURable de l’Agriculture de Mangrove), est mis en œuvre par l’association Guérandaise Univers-Sel, qui travaille depuis plus de 20 ans en Afrique de l’ouest pour diffuser des techniques novatrices, à la fois de saliculture solaire (travail facilité et zéro déforestation) et de gestion de l’eau dans les rizières (récoltes sécurisées et meilleur rendement). Le projet a été financé par l’Union Européenne et l’AFD. 

La méthode traditionnelle de production du sel : une saumure (solution saturée en sel, obtenue en filtrant de l’eau à travers de la terre sèche et salée) est chauffée sur feu de bois. Quand l’eau s’évapore, le sel commence à cristalliser et peut être récupéré. Cette méthode implique une grande consommation de bois, et surtout un travail très pénible : toute la journée dans la fumée et la chaleur, alors même que le soleil tape déjà fort !

 

L’équipe a pu visiter plusieurs villages bénéficiaires du projet, rencontrer les paysannes concernées qui leur ont fait part de leur satisfaction, de leur confiance dans le projet, mais aussi de leurs besoins pour la suite. Le terrain a enfin été l’occasion de mettre les pieds dans la boue, (re)goûter au vin de cajou et en apprendre beaucoup les techniques et la culture locale. 

L’ethnie Balante, notamment, s’appuie sur l’organisation collective (la culture du riz impose de se concerter pour gérer l’irrigation à grande échelle) et évite généralement l’accumulation de biens matériels. Par exemple, lorsqu’il a besoin de main d’œuvre, un producteur paye un collectif de travailleurs à un prix standard par groupe, que celui-ci soit composé de 5, 10 ou 15 personnes ! Une pratique qui va à l’encontre de la logique commerciale que nous connaissons, et nous invite à la réflexion