Vanille durable à Madagascar : de quoi parle-t’on ?

Article du 22 septembre 2023

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La vanille à Madagascar, joue un rôle central et historique dans l’économie locale. Pourtant, le secteur de la vanille fait encore face à de nombreux enjeux. Parmi ces derniers, nous notons la précarité marquée des producteur.ice.s et la gestion du risque environnemental (perturbation des habitats voire déforestation).

1. Un peu d’historique sur la vanille à Madagascar

Commençons par une définition simple d’une forêt. C’est un écosystème, relativement étendu, constitué principalement d’un peuplement d’arbres, arbustes et arbrisseaux. Ainsi que l’ensemble des autres espèces qui lui sont associées et vivant en interaction au sein de ce milieu. Elle peut être naturelle ou plantée, primaire (intacte) ou exploitée de diverses manières par l’homme. Source Wikipédia.

En effet, lorsqu’une augmentation des revenus est à présager, la pression foncière autour des zones aux conditions pédoclimatiques favorables s’accroît pour agrandir les plantations de vanille. Ceci peut arriver sans toujours tenir compte des conditions agricoles souvent inadaptées. À l’inverse, quand les revenus deviennent incertains (chute des cours de vanille), certain.e.s producteur.ice.s délaissent leur culture de vanille (moindre entretien des plantations jusqu’à un éventuel abandon progressif).

2. Les conséquences des pratiques dominantes et peu durables de la vanille à Madagascar

Cette course à la croissance a eu des conséquences fortes sur l’environnement et la biodiversité, pourtant structurants dans la lutte contre le changement climatique. L’extension des surfaces agricoles a parfois provoqué une perturbation des habitats, voire de la déforestation, afin d’accéder à de nouvelles terres. Selon une équipe de chercheurs, la vanille installée sous-forêt représenterait 30% de la production et celle plantée sur du recrus post cultures vivrières 70% dans la région SAVA. En voici quelques exemples des conséquences de ces mauvaises pratiques dominantes.

Déboisements des forêts

Majoritaires à Madagascar, les cycles de brulis-recru appauvrissent progressivement les sols. Ces derniers poussent les planteur.euse.s à adopter une vision court-termiste en délaissant les champs devenus incultivables. Les maladies, l’érosion ou l’infertilité des sols peuvent en être la cause et provoquent toujours plus de déboisement des forêts. Les bruli-recru sont des cycles durant lesquelles les terres sont défrichées par le feu, puis cultivées, avec des périodes de creux entre ces deux étapes.

Réduction de la qualité des gousses de vanille

En outre, de nombreux producteur.ice.s de vanille passent de moins en moins de temps dans l’entretien de leurs plantations exposant les lianes aux maladies :

  • lianes mal orientées,
  • forte densité de gousses,
  • forte densité de plants à l’hectare,
  • gestion insuffisante de l’ombrage.

Ces maladies impactent directement la qualité des gousses de vanilles

Difficulté de traçabilité de la production de vanille à Madagascar

Enfin, la traçabilité de la production de vanille jusqu’à la parcelle n’est pas encore pleinement assurée. Ce qui ne permet pas de garantir l’absence d’impact des exploitations agricoles sur la forêt et les zones sensibles.

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3. Quelques bonnes pratiques agricoles identifiées sur la vanille

Avec le soutien de la Banque Mondiale et du FCPF, Kinomé a coordonné la rédaction d’un guide présentant notamment les bonnes pratiques agricoles afin d’assurer une productivité stable et durable dans le temps, tout en préservant les milieux forestiers. Ces bonnes pratiques ont été remontées du terrain après consultations de spécialistes de la vanille, d’entreprises engagées dans la durabilité, de coopératives pionnières et de chercheurs.

Nous présentons ici une sélection de ces bonnes pratiques permettant une durée de vie plus longue des plantations et, surtout, d’éviter tout impact sur les forêts.

Localisation des parcelles des cultures de vanille

Il est important de prendre en compte les capacités hydriques du milieu, c’est-à-dire l’apport naturel en eau que le terrain offre. Si le vanillier est proche des bas-fonds, prévoir des troncs de bananiers pour cerner et protéger la parcelle. En revanche, si un accès suffisant à l’eau n’est pas garanti, installer des canaux de drainage répondra au besoin en eau des cultures.

Considérer les atouts et limites du milieu dans lequel se trouve la plantation optimise donc naturellement la pousse des lianes et c’est ainsi qu’il est préférable d’aménager si nécessaire les terrains pentus sous forme de terrasses consolidées pour se prémunir de l’érosion, tout en évitant les pentes trop fortes.

Gestion de l’ombrage

L’usage des arbres naturellement présents permet d’équilibrer correctement les cultures de vanille à l’exposition du soleil. Un excès d’ombrage favorise les maladies bien qu’un surplus de soleil occasionne une sécheresse des lianes et des racines.

Structuration : Espacement des tuteurs

S’assurer d’un espace suffisant entre les vanilliers (plus précisément entre les tuteurs sur lesquels poussent les lianes de vanille). Cela permet une circulation fluide entre ces derniers et garantit de bonnes conditions de travail pour les paysan.ne.s. De même, si la ramification est à hauteur d’épaules (ni trop haute ni trop basse), l’entretien est facilité et les paysan.ne.s n’ont pas à se baisser ni à recourir à un escabeau.

Structuration: Tuteurs - Qualité du feuillage et de l’ombrage

Ce guide développe également les bonnes pratiques concernant la structuration du feuillage, à savoir viser un feuillage persistant mais équilibré et l’alimenter en conséquence.

Lorsque les prix montent, les agriculteur.ices.s peuvent être tenté.e.s de déforester pour établir de nouvelles parcelles. Or, il existe souvent de vieilles plantations pouvant être revalorisées. En effet, la création d’un couvert végétal sur un précédent non forestier est une des innovations relatées dans le guide. Dans cette démarche, la vanille durable fait alors partie d’un paysage harmonieux respectant les forêts : les plantations seront situées en dehors des forêts naturelles et des aires protégées. Une façon de le prouver consiste à géolocaliser la parcelle.

Tuteurs et qualité du feuillage

Gestion qualitative des gousses de vanille

Il est préférable de viser une petite quantité de belles gousses longues plutôt que d’avantage de gousses de taille moyenne voire courtes et crochetées. En effet, les gousses plus grandes sont de meilleure qualité et ont ainsi une meilleure valeur marchande. Pour cela, le nombre de fleurs pollinisées jouera directement sur la taille et le nombre de gousses de vanille (un excès favorise les gousses de petite taille tandis qu’un manque provoque une baisse de la qualité des gousses).

qualité gousses de vanille

4. Les apports d’une agriculture durable

Toutes ces recommandations, appuyées par nos expert.e.s sur le terrain, entretiennent des plantations durables de vanille dans des milieux non forestiers, en maintenant la fertilité des sols, en gérant l’apparition de maladie et en développant un écosystème résilient au changement climatique. Une des innovations relatées dans le guide est l’établissement de plantations sur des zones savanisées en commençant par la création d’un nouvel ombrage.

En outre, les services écosystémiques sont nombreux comme le maintien de la biodiversité et de la fertilité des sols tout en abandonnant le système brulis-recru. Enfin, ces mesures donnent également lieu au développement de l’économie locale, notamment par l’augmentation de la taille des gousses de vanille et l’accès possible à certaines certifications en raison d’une agriculture plus soutenable. Selon nos expert.e.s, la rentabilité d’une telle transition serait atteinte entre deux et sept ans selon le type de paysage de départ.

Pour encourager l’adoption de ces nouveaux modes de production, les gouvernements doivent garantir un accès sécurisé et contrôlé aux parcelles afin d’éviter une extension incontrôlée provoquant entre autres de la déforestation.

Former les agriculteur.ice.s aux nouvelles pratiques tout en organisant une aide financière garantira de même une transition réussie vers des pratiques durables. En effet, l’attrait du marché vers une vanille certifiée reste incertain à ce jour et il est pertinent d’envisager des subventions nationales ou d’autres initiatives appuyant le développement de ces nouvelles filières ayant des postes de dépense importants notamment pour vérifier la traçabilité et lutter contre la déforestation. Depuis 2005, Kinomé accompagne les politiques publiques https://kinome.fr/politiques-publiques-et-adaptation-au-changement-climatique/  

Nous vous invitons à lire le guide complet pour plus d’informations sur ces pratiques de la vanille à Madagascar. Pour en savoir plus sur la réalisation de ce guide https://www.forestcarbonpartnership.org/vanilla.

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